l’élu, le travail de Jacki Maréchal
est « une invitation à la liberté,
à la possession de soi ». Il a évoqué
« la force émancipatrice »
de ses oeuvres.
« Je suis réellement un peintre
», a précisé l’intéressé, très
touché par ces deux hommages.
« Je considère que la peinture
doit effacer la parole, doit laisser
vivre un sentiment solide. »
Robert Rocca, commissaire de
l’exposition, qui organise régulièrement
des rendezvous
dans
toute la France autour de peintres
prestigieux comme Piccasso,
Miro, a, en aparté, confirmé
cette optique. « Avec Jacki Maréchal,
la peinture prend le dessus sur le sujet. »
C’est devant l’une des oeuvres les
plus marquantes de Jacki Maréchal
que les élus et l’artiste luimême
ont tenu leurs discours,
hier, à l’occasion du vernissage
de l’exposition.
« Ces toiles sont là pour nous
rappeler notre vécu d’humain à
l’intérieur des villes », a déclaré
en premier Maria Lancrenon,
adjointe à la culture. « Ces villes
qui semblent nous absorber et
qui génèrent à travers votre
peinture un élan de vie. »
Autres mots forts, autre éloge,
celui de Jacques Magne, maire
d’Issoire. « Vous placez une barre
très haut mais juste, celle des
êtres humains saisis dans la culture
urbaine d’aujourd’hui. Pour
«Vos tableaux sont une invitation à la liberté, à la possession de soi»
JACQUES RIGAUD
Fondateur du musée d’Orsay,
ancien P.-D.G. de RTL.
 
Qu’est-ce qui vous a séduit
dans le travail de Jacki
Maréchal ?
D’abord, par rapport à certains
artistes contemporains, il
s’assume comme peintre et il
fait des peintures sur toile avec
un sujet, avec des couleurs…
Ce ne sont pas des installations
ou de l’art conceptuel. Il y a
une vérité humaine et une
vérité artistique. Il ne fait pas
cela pour être à la mode, mais
parce qu’il a envie de mettre
ce qu’il ressent sur de la toile,
pour être vu sur des cimaises à
l’occasion d’expositions. Il va
droit au but.
D’autre part, il n’est pas
prisonnier des querelles sur
l’art conceptuel, l’art abstrait
ou non. Il ose avoir des
visages, interprétés à sa façon,
des situations… mais c’est une
peinture que l’on comprend, à
laquelle on a accès. Il s’inspire
de la réalité, il l’interprète à sa
façon. Tout cela a un côté vrai
et concret.
Si on le pousse dans ses
retranchements, il se situe
dans la tendance
post-moderniste, mais il n’est
pas prisonnier des écoles et
n’a pas un discours sophistiqué
sur la peinture. Il essaie
simplement de dire ce qu’il
ressent…
 
En quoi considérez-vous
que son travail est marqué
par l’audace ?
Justement, parce qu’il sait être
simple. Il n’est pas prisonnier
de discours. Sa peinture, ce
sont des actes. Le fait qu’il
puisse exposer, en France et en
Europe, et qu’il s’investisse
beaucoup dans ces expositions
montre que ce n’est pas un
artiste dans sa tour d’ivoire,
qui se fiche des réactions du
public. Il s’intéresse. Il a envie
de contacts. C’est un homme
de relation et il a compris que
pour le lien social – qui est une
expression dont on abuse –
l’artiste pouvait jouer sa
partition.
 
Propos recueillis par Sébastien Besse
 
Tout le sens du geste de Jacki Maréchal
Sébastien Besse
«Je ne suis pas convaincu par mes certitudes.» Le
graffiti apparaît discrètement, en si petites lettres et écrit
à l’envers, comme susurré, en bas de la toile. Pourtant,
sa présence, sous les yeux éteints d’un personnage,
s’impose si fortement au regard, puis à l’esprit…
La peinture de Jacki Maréchal, dont l’exposition
« Ontologie urbaine » a débuté hier, sallesJean Hélion,
puise sa force dans la réalité et le monde d’aujourd’hui.
« Cela fait partie de mes sources d’émotion. Je suis
assez ému par la tournure que prend notre vie sociale
et sociétale, avec la négation de l’humain et,surtout, la
négation du sens… »
Dans ses travaux, les couleurs jaillissent et percutent,
dans de grands mouvements. Des traits sont griffés ou
peints.  Des visages au regard absent, trouble ou perdu,
manifestement partis dans une quête quelconque,
interpellent.
« Un fil conducteur… »
« J’essaie toujours de mettredes personnages qui ont
une espèce de désespérance en les mélangeant avec
des  reliquats de mur. Cela peut être des lambeaux de
publicité.  Par-dessus, je mets mon humain avec sa
souffrance. C’est un peu une résonance. Où nous mène
tout cela ? Quel sens cela a-t-il ? »
Le mur justement. Le mur dégradé… « C’est un autre
point sur lequel je prends appui. Cela a aussi une
signification : celle de l’ambiguïté qu’il y a dans ce mur
graffité, mais graffité comme on le faisait avant, en
utilisant un canif… Par-dessus, je place des visages de
personnages qui ont l’air égarés, de  chercher, de
demander du sens, de l’affectif, de l’humanité… »
La quarantaine de toiles que Jacki Maréchal présente à
Issoire aborde principalement un contexte urbain « tel
qu’on le voit si on a un regard ouvert et poétique, pas un
regard pratique, pragmatique… »
Son regard est « peut-être plus caustique » lorsqu’il se
porte« sur nos paysages publicitaires et la consommation
en général ». Mais ce regard, fort, puissant et résolument
présent,n’apparaît jamais directement.
Jacki Maréchal, dont le geste est maîtrisé et poignant, ne
se place pas dans l’affirmation, plutôt dans la sensibilisa-
tion. « Je ne veux pas que ma peinture soit lue au premier
degré. Il faut que la personne qui voit cette toile ait un
sentiment. Après, elle-même en trouve la signification. A
sa manière,  pas à la mienne. Cela n’empêche pas que
j’aie une intention. Je laisse un fil conducteur se dérouler.
Mon inconscient et mon conscient vont se plaquer
dessus. Après, le spectateur plaque son conscient et
son inconscient à lui. Tout cela va constituer un tout qui
s’appelle de l’art. » ■
 
Pratique. L’exposition est ouverte
jusqu’au 4 décembre, du mardi au dimanche,
de 10 heures à 18 heures. Entrée libre.