Pour saluer l’exposition de Jacki Maréchal
Les œuvres de Jacki Maréchal qu’accueillent les salles Jean Hélion offrent des espaces où la couleur et l’énergie du geste retiennent d’abord le regard. Mais sans doute ne se livrent-elles que peu à peu lorsqu’on laisse l’œil, la pensée et la rêverie circuler entre les formes abstraites, l’agencement de la couleur, la lumière et la figuration.
Il est vrai que les murs pensent et contiennent une mémoire poétique, c’est pourquoi Jacki Maréchal se plaît à réinventer une poésie de la ville à travers murs griffés, tags, entailles, traces, signes comme un perpétuel palimpseste. Cette matière à voir est en effet le témoin de rêves, de présences, de pensées, de passages, d’appels, de signaux, de hasards et de haltes dont elle garde le mystère, l’empreinte de la vie multiple et son infini mystère.
C’est bien le propre des artistes de nous ouvrir la route et de nous rappeler aussi que nous sommes les héritiers de ces hommes, nos semblables, qui gravaient, voilà des millénaires, les parois des grottes, dessinaient et peignaient les grandes liturgies de la vie. A la lumière de chandelles précaires, dans les ténèbres des grandes cavités n’affirmaient-ils pas sans trembler le besoin irrépressible de l’homme d’interroger le monde, de faire signe, de créer et la trace et le sens.
Témoin de notre temps, de ce monde que souillent les accents du cynisme brutal, du dérisoire ou de l’abject, Jacki Maréchal transcende le gris de nos vies et de nos villes en faisant jaillir de ses toiles, non sans humour et même avec tendresse, un goût tonifiant pour la vie.
Jacques Magne, maire d’Issoire