JACKI MARECHAL OU L’INVITATION AU VOYAGE
Jacki Maréchal est un peintre avec lequel il faudra compter désormais, car ses univers se renouvellent sans cesse, se diversifient, se complexifient au travers de compositions et de modulations subtiles, impliquant lignes, volumes, couleurs, qui surgissent avec une intensité, une fraîcheur, ou un éclat surprenant. Il a un oeil multiple qui nous entraîne dans un monde, frère jumeau de celui que nous découvrent aujourd’hui les plus modernes télescopes ou microscopes électroniques. Il nous plonge dans les univers inconnus qu’évoque William Blake : « Un univers dans un grain de sable… Un paradis dans une fleur sauvage. L’infini dans la paume de la main »
La perception de Jacki Maréchal se transmet par l’intermédiaire d’une peinture apparemment abstraite mais qui jaillit toute palpitante de vie et de splendeurs intérieures cachées, révélées par un art percutant.
Lorsque Jacki Maréchal peint, il déploie, en visions symboliques, telles ou telles richesses de mondes qu’il vit en profondeur. Les titres de ses tableaux peuvent paraître déroutant. Ils ne visent qu’à contribuer à frapper, à donner un choc et faire entrer dans le mystère des êtres, et des choses, et de l’invisible qui est derrière le visible quotidien.
Tel est du moins l’estocade que personnellement je reçois de sa peinture, dont je pressens qu’elle est plus riche encore que je ne l’éprouve.
Jacki Maréchal entrouvre les portes les plus diverses par lesquelles chacun peut s’engouffrer personnellement, entreprenant un voyage qui est sans fin.
Il fait éclore une peinture qui implique un arrêt de silence. Elle ne s’ouvre peu à peu qu’à travers le regard intérieur du cœur qui s’éveille et s’ouvre. Je songe au fameux distique du poète baroque allemand Angelus Silesius :
« L’éclat de la splendeur luit au sein de la nuit.
Qui peut la voir ? Un cœur qui a des yeux et veille. »
(L’errant chérubinique, V, 12)
Roland Maisonneuve